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L’?ducation en AngleterreColl?ges et Universit?s ( Edition int?grale ) annot?【電子書籍】[ Pierre de Coubertin ]

   

 


 

 


<p>Ce n’est pas un trait? d’?ducation que je vous pr?sente, lecteur : ce sont des impressions de voyage ? travers les coll?ges anglais.<br /> Il y a longtemps que je vous entends vous plaindre de la situation qui est faite aux enfants fran?ais. On leur a enlev?, dites-vous, jusqu’au privil?ge d’?tre des enfants.<br /> On les bourre de connaissances.<br /> On en fait des dictionnaires vivants.<br /> On les surm?ne ; c’est le terme consacr?. Et ? force d’engraisser leur intelligence comme on engraisse les volailles, on affaiblit leurs forces physiques et on tue leur ?nergie morale. Voil? ce dont vous vous lamentez ; vous avez cent fois raison. Par malheur il y a sainte Routine, protectrice de l’Universit?, et saint Parchemin, patron du royaume de France, qui rendent inutiles vos j?r?miades. Vous ?tes sous leur joug ; que deviendraient vos fils, mon Dieu, s’ils n’avaient pas ce dipl?me indispensable ? tout Fran?ais qui se respecte et si vous ne pouviez, vers la fin de leurs ?tudes, leur pr?senter le menu de leur avenir en leur disant, comme un ma?tre d’h?tel qui offre des potages : ≪ Arm?e ou magistrature ? ー Diplomatie ou administration ? ≫ Et supposez que l’un d’eux, plus hardi, vienne vous dire : ≪ Je me ferai une carri?re. ≫ Quelle inqui?tude ce mot n’?veillera-t-il pas en vous ? Vous n’y croyez pas aux carri?res qu’on se fait ? soi-m?me, parce que vous songez ? ces premi?res bouff?es d’air pur qui grisent le coll?gien rendu ? la libert?, et vous ?tes press? de faire passer le v?tre d’un harnais dans un autre.<br /> Verba volant. C’est avec des faits et non avec des paroles qu’il faut lapider sainte Routine et saint Parchemin : voil? pourquoi en me promenant en Angleterre j’ai recueilli le plus de faits possible, visitant les principales maisons d’?ducation et interrogeant un grand nombre de professeurs et d’?l?ves. Cela s’appelle, si je ne me trompe, proc?der par observation, et c’est ainsi que l’on acquiert cette certitude, pour ainsi dire mat?rielle, dont l’illustre Le Play a d?montr? la sup?riorit? sur celle qui r?sulte de raisonnements ? priori et de th?ories pr?con?ues.<br /> Jetez un coup d’?il sur ces notes : vous y verrez que, dans un pays aussi chr?tien et civilis? que le n?tre, on ?l?ve les enfants par des proc?d?s diam?tralement oppos?s ? ceux que nous employons, ce qui prouve, ? tout le moins, qu’il existe des chemins diff?rents pour atteindre au m?me but. Cette ?ducation est libre, comme il convient ? une nation ?mancip?e ; elle ne produit pas le d?classement, la plaie de notre pays et la cause de bien des r?volutions ; elle p?che sans doute par d’autres c?t?s, la perfection n’?tant pas de ce monde ; mais de tels avantages m?ritent qu’on s’y arr?te. Et puis, il ne faut pas se fier aux apparences. En cette mati?re plus qu’en toute autre, les Anglais, chez lesquels l’esprit de tradition et l’esprit de nouveaut? se trouvent ? tel point m?lang?s, ont greff? le pr?sent sur le pass? et derri?re les fa?ades v?n?rables religieusement conserv?es ont b?ti selon les exigences modernes ; leurs coll?ges sont gothiques d’architecture ; un peu gothique aussi est leur enseignement, mais point du tout leur ?ducation.<br /> Voil?, lecteur, ce que j’entreprends de vous prouver ; j’y r?ussirai ou je n’y r?ussirai pas. Mais, de gr?ce, ne commencez pas par me jeter ? la t?te ce mot d’≪ anglomane ≫ qui sert de bouclier ? tous les partis pris. On dirait vraiment qu’il est impossible d’appr?cier quoi que ce soit de l’autre c?t? de la Manche sans avoir l’esprit fauss? ou l’?il de travers. Eh bien, c’est convenu ! Nous les d?testons et ils nous d?testent. Mais, je vous en prie, laissons l’Irlande et la loi de Malthus tranquilles, ainsi que ces clich?s innombrables dont les anglophobes font collection.<br /> Il est toujours utile d’?tudier le voisin, f?t-ce un adversaire, car on peut, en l’imitant dans ce qu’il a de bon, le corriger et faire encore mieux que lui. Les moins pr?venus, s’ils ne me traitent pas d’anglomane, vont au moins me dire : ≪ ? quoi bon les ?tudier ? Nous n’en pouvons tirer aucun profit.… les caract?res sont trop diff?rents. ≫ Mauvaise excuse ! L’?ducation est avant tout l’art de faire des hommes. Est-ce que les hommes ne sont pas partout les m?mes ! Est-ce qu’ils n’ont pas tous un corps qu’il faut fortifier et un caract?re qu’il faut former ?<br /> Ce que j’admire aussi, il est vrai, chez nos voisins, c’est qu’ils sont rest?s fid?les ? leurs traditions, qu’ils les comprennent et en pr?parent le respect dans les g?n?rations futures. Il peut arriver au contraire que, tromp?, ?gar?, ob?issant aveugl?ment ? quelque courant d’id?es fausses, un peuple m?connaisse sa nature, sa destin?e, ses instincts, ses besoins et qu’il ?l?ve ses fils dans une voie contraire ? leur caract?re et aux qualit?s de leur race. Je crois que c’est assez le cas pour nous et que l’?ducation fran?aise n’est pas l’art de faire des Fran?ais ; en tout cas, ce n’est pas l’art de faire des hommes, car les hommes ne se composent pas seulement d’une intelligence, et nous agissons comme si tel ?tait le cas.<br /> Les Anglais ont ?vit? cet ?cueil.<br /> Instruire n’est pas ?lever. ≪ Entre l’instruction, qui donne des connaissances, pourvoit l’esprit et fait des savants, et l’?ducation, qui d?veloppe les facult?s, ?l?ve l’?me et fait des hommes, il y a une diff?rence profonde. ≫ ー Cela pourrait passer pour une v?rit? de La Palisse, si de nos jours en France une d?plorable confusion ne s’?tait ?tablie entre ces deux notions. On a pu le dire hier, on peut encore mieux le r?p?ter aujourd’hui : l’instruction est tout ; l’?ducation, rien.<br /> Les lignes que je viens de rappeler ont ?t? ?crites par Mgr Dupanloup. Guizot, qui n’a pas moins de droits ? une citation quand il s’agit d’?ducation, a dit quelque part : ≪ Il n’y a pas de libert? pour les enfants, s’ils ne sont pas un peu seuls et livr?s ? eux-m?mes. ≫ Montaigne a donn? ce pr?cepte : ≪ Pour leur roidir l’?me, il faut leur durcir les muscles. ≫ Et Jean-Jacques Rousseau, cet axiome : ≪ Plus le corps est faible, plus il commande ; plus il est fort, plus il ob?it. ≫<br /> Ces quatre extraits de quatre auteurs fran?ais m’ont paru r?sumer ? merveille, d’une fa?on claire et compl?te, l’esprit de l’?ducation anglaise.</p>画面が切り替わりますので、しばらくお待ち下さい。

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